Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/149

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peut bien la regarder encore comme indécise, malgré le ton, plus méprisant que philosophique avec lequel elle est ici tranchée en deux mots.

C’etoit, continue-t-on, la folie de Caton : avec l’humeur & les préjugés héréditaires dans sa famille, il déclama toute sa vie, combattit & mourut sans avoir rien fait d’utile pour sa patrie. Je ne fais s’il n’a rien fait pour sa patrie ; mais je sais qu’il a beaucoup fait pour le genre-humain, en lui donnant le spectacle & le modele de la vertu la plus pure qui ait jamais existe : il a appris à ceux qui aiment sincèrement le véritable honneur, à savoir résister aux vices de leur siecle & à détester cette horrible maxime des gens à la mode qu’il faut faire comme les autres ; maxime avec laquelle ils iroient loin sans doute, s’ils avoient le malheur de tomber dans quelque bande Cartouchiens. Nos descendans apprendront un jour que dans ce siecle de sages & de Philosophes, le plus vertueux des hommes a été tourne en ridicule & traite de fou, pour n’avoir pas voulu souiller sa grande ame des crimes de ses contemporains, pour n’avoir pas voulu être un scélérat avec César & les autres brigands de son tems.

On vient de voir comment nos Philosophes parlent de Caton. On va voir comment en parloient les anciens l’Philosophes. Ecce spectaculum dignum ad quod respiciat, intentus operi suo, Deus. Ecce par Deo dignum, vir fortis cum mala