Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t8.djvu/204

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Ne crains-tu point les maux que j’éprouve en ce jour ?
Colin m’a pu changer ; tu peux avoir ton tour.
Que me sert d’y rêver sans cesse ?
Rien ne peut guérir mon amour,
Et tout augmente ma tristesse.
J’ai perdu mon serviteur ;
J’ai perdu tout mon bonheur,
Colin me délaisse.
Je veux le hair....je le dois....
Peut-être il m’aime encor....pourquoi me fuir sans cesse ?
Il me cherchoit tant autrefois.
Le Devin du canton fait ici sa demeure ;
Il fait tout ; il faura le fort de mon amour :
Je le vois, & je veux m’éclaircir en ce jour.
SCENE II.
LE DEVIN, COLETTE.
Tandis que le DEVIN s’avance gravement, COLETTE compte dans sa main de la monnoie ; puis elle la plie dans un papier, & la présente au DEVIN, après avoir un peu hésite à l’aborder.
COLETTE d’un air timide.
Perdrai-je Colin sans retour ?
Dites - moi s’il faut que je meure.