Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t8.djvu/278

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l’Octave étant ainsi bien désignés, il faudra se servir de la transposition pour les instrumens comme pour la voix, ce qui n’aura nulle difficulté pour les Musiciens instruits, comme ils doivent l’être, des tons & des intervalles naturels a chaque mode, & de la maniere de les trouver sur leurs instrumens : il en résultera, au contraire, cet avantage important, qu’il ne sera pas plus difficile de transporter toutes sortes d’airs, un demi- ton ou un ton plus haut ou plus bas, suivant le besoin, que de les jouer sur leur ton naturel, ou, s’il s’y trouve quelque peine, elle dépendra uniquement de l’instrument & jamais de la note qui, par le changement d’un seul signe, représentera le même air sur quelque ton l’on veuille proposer ; de sorte, enfin, qu’un Orchestre entier sur un simple avertissement du maître, exécuteroit sur le champ en mi ou en sol une piece notée en sa, en la, en si bémol ou en tout autre ton imaginable ; chose impossible a pratiquer dans la Musique ordinaire & dont l’utilité se fait assez sentir a ceux qui fréquentent les Concerts. En général, ce qu’on appelle chanter & exécuter au naturel, est peut- être ce qu’il y a de plus mal imagine dans la Musique : Car si les noms des notes ont quelque utilité réelle, ce ne peut être que pour exprimer certains rapports, certaines affections déterminées dans les progressions des sons. Or, des que le ton change, les rapports des sons & la progression changeant aussi, la raison dit qu’il faut de même changer les noms des notes en les rapportant par analogie au nouveau ton ; sans quoi l’on renverse le sens des noms & l’on ôte aux mots le seul avantage qu’ils puissent avoir, qui est d’exciter d’autres idées avec