Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t8.djvu/481

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nous porte à choisir les inflexions les plus commodes : car entre les modifications trop fortes qu’il faut donner à la glotte pour entonner continuellement les grands intervalles des consonnances, & la difficulté de régler l’intonation dans les rapports très-composés des moindres intervalles, l’organe prit un milieu & tomba naturellement sur des intervalles plus petits que les consonnances & plus simples que les comma : ce qui n’empêcha pas que de moindres intervalles n’eussent aussi leur emploi dans des genres plus pathétiques.


CHAPITRE XIX

Comment la musique a dégénéré.

À MESURE que la langue se perfectionnait, la mélodie, en s’imposant de nouvelles règles, perdoit insensiblement de son ancienne énergie, & le calcul des intervalles fut substitué à la finesse des inflexions. C’est ainsi, par exemple, que la pratique du genre enharmonique s’abolit peu à peu. Quand les théâtres eurent pris une forme réguliere, on n’y chantoit plus que sur des mode prescrits ; et, à mesure qu’on multiplioit les règles de l’imitation, la langue imitative s’affaiblissait.

L’étude de la philosophie & le progrès du raisonnement, ayant perfectionné la grammaire, ôterent à la langue ce ton vif & passionné qui l’avoit d’abord rendue si chantante. Dès le tems de Menalippide & de Philoxène les Symphonistes,