Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t8.djvu/507

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plus essentielles à mon objet, & tacher d’examiner notre Musique en elle-même.

Les Italiens prétendent que notre mélodie est plate & sans aucun chant, & toutes les Nations*

[*Il a été un tems, dit Mylord Schaftesbury, ou l’usage de parler François avoit mis, parmi nous, la Musique Françoise à la mode. Mais bientôt la Musique Italienne, nous montrant la Nature de plus près, nous dégoûte de l’autre, & nous sa fit appercevoir aussi lourde, aussi plate, & aussi maussade qu’elle l’est en effet.] neutres confirment unanimement leur jugement sur ce point ; de notre cote nous accusons la leur d’être bizarre & baroque.*

[*Il me semble qu’on n’ose plus tant faire ce reproche à la mélodie Italienne, depuis qu’elle s’est fait entendre parmi nous : c’est ainsi que cette Musique admirable n’a qu’à se montrer, telle qu’elle est, pour se justifier de tous les torts dont on l’accuse] J’aime mieux croire que les uns ou les autres se trompent, que d’être réduit à dire que dans des contrées ou les Sciences & tous, les Arts sont parvenus a un si haut degré, la Musique seule est encore à naître.

Les moins prévenus d’entre nous*

[*Plusieurs condamnent l’exclusion totale que les Amateurs de Musique donnent sans balancer à la Musique Françoise ; ces modéras conciliateurs ne voudroient pas de goûts exclusifs, comme si l’amour des bennes choses devoir faire aimer les mauvaises.] se contentent de dire que la Musique Italienne & la Françoise sont toutes deux bonnes, chacune dans son genre, chacune pour la langue qui lui est propre, mais outre que les autres Nations ne conviennent pas de cette parité, il resteroit toujours à savoir laquelle des deux langues peut comporter le meilleur genre de Musique en soi. Question sort agitée en France, mais qui ne le sera jamais ailleurs ; question qui ne peut être décédée que par une oreille