Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t8.djvu/524

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de mélodie, de dialogue & de goût, auquel, selon moi ; rien ne manquera, quand il sera bien exécute, que des Auditeurs qui fâchent l’entendre : c’est celui du premier acte de la Serva Padrona, Lo conosco a quegl’occhietti, &c. J’avoue que peu de Musiciens François sont en Etat d’en sentir les beautés, & je dirois volontiers du Pergolese, comme Cice non disoit d’Homere, que c’est avoir déjà fait beaucoup de progrès dans l’Art, que de se plaire à sa lecture.

J’espere, Monsieur, que vous me pardonnerez la longueur de cet article, en faveur de sa nouveauté, & de l’importance de son objet. J’ai cru devoir m’étendre un peu sur une regle aussi essentielle que celle de l’unité de mélodie ; regle donc aucun Théoricien, que je fache, n’a parle jusqu’à ce jour ; que les Compositeurs Italiens ont seuls sentie & pratiquée ; sans se douter, peut-être, de son existence ; & de laquelle dépendent la douceur du chant, la force de l’expression, & presque tout le charme de la bonne Musique. Avant que de quitter ce sujet, il me reste à vous montrer qu’il en résulte de nouveaux avantages pour l’harmonie même, aux dépens de laquelle je semblois accorder tout l’avantage à la mélodie ; & que l’expression du chant donne lieu à celle des accords en forçant le Compositeur a les ménager.

Vous ressouvenez-vous, Monsieur, d’avoir entendu quelquefois dans les Intermèdes qu’on nous a donnes cette année, le fils de l’Entrepreneur Italien, jeune enfant de dix ans au plus, accompagner quelquefois a l’Opéra. Nous fumes frappes des le premier jour, de l’effet que produisoit sous ses petits doigts, l’accompagnement du Clavecin ; & tout le