Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t8.djvu/591

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pas des mains a chaque faute qu’il reprochoit a ce grand harmoniste de n’avoir pas faite ? Comment n’a-t-il pas senti que la confusion n’a’jamais rien produit d’agréable, qu’une harmonie trop chargée est la mort de toute expression, & que c’est par cette raison que toute la Musique, sortie de son ecole, c’est que du bruit sans effet ? Comment ne se reproche-t-il pas a lui-même d’avoir fait hérisser les Basses Françoises de ces forets de chiffres, qui sont mal aux oreilles seulement a les voir ? Comment la force des beaux chants qu’on trouve quelquefois dans sa Musique, n’a-t-elle pas désarme sa main paternelle, quand il les gâtoit sur son Clavecin ?

Son système ne me paroit gueres mieux fonde dans les principes de théorie, que dans ceux de pratique. Toute sa génération harmonique se borne a des progressions d’accords parfaits majeurs ; on n’y comprend plus rien, si -tôt qu’il s’agit du mode mineur & de la dissonance ; & les vertus des nombres de Pythagore ne sont pas plus ténébreuses que les propriétés physiques qu’il prétend donner a de simples rapports.

M. Rameau dit que la résonnance d’une corde sonore met en mouvement une autre corde sonore triple ou quintuple de la premiere, & la fait frémir sensiblement dans sa totalité, quoi qu’elle ne résonne point. Voilà le fait sur lequel il établit les calculs qui lui servent a la production de la dissonance & du mode mineur. Examinons.

Qu’une corde vibrante, se divisant en ses aliquotes, les fasse vibrer & résonner chacune en particulier, de sorte que les vibrations, plus fortes de la corde en produisent de plus foibles dans ses parties, ce phénomène, ce conçoit & n’a rien