Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t8.djvu/604

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Mais j’oserois demander, 1̊. si la Poésie Grecque etoit susceptible d’être chantée de plusieurs manieres, s’il etoit possible de faire- plusieurs airs differens sur les mêmes paroles, & s’il y a quelque exemple que cela ait été pratique ? 2̊. Quelle etoit la distinction caractéristique de la Poésie lyrique ou accompagnée, d’avec la Poésie purement oratoire ? Cette distinction ne consistoit-elle que dans le metre & dans le style, ou consistoit-elle aussi dans le ton de la récitation ? N’y avoit-il rien de chanté dans la Poésie qui n’étoit pas lyrique, & y avoit-il quelques cas ou l’on pratiquât, comme parmi nous, le rhythme cadence sans aucune mélodie ? Qu’est-ce que c’etoit proprement que la Musique instrumentale des Grecs ? avoient-ils des symphonies proprement dites, composées sans aucunes paroles ? Ils jouoient des airs qu’on ne chantoit pas, je sais cela ; mais n’y avoit-il pas originairement des paroles sur tous ces airs, & y en avoit-il quelqu’un qui n’eut point été chante ni fait pour l’être ? Vous sentez que cette question seroit bien- ridicule, si celui qui la fait, croyoit qu’ils eussent des accompagnemens semblables aux nôtres, qui eussent fait des parties différentes de la vocale ; car, en pareil cas, ces accompagnemens auroient fait de la Musique purement instrumentale. Il est vrai que leur note etoit différente pour les instrumens & pour les voix, mais cela n’empêchoit pas, selon moi, que l’air note des deux façons ne fut le même.

J’ignore si ces questions sont superficielles ; mais je sais qu’elles ne sont pas oiseuses. Elles tiennent toutes par quelque cote a d’autres questions intéressantes. Comme de savoir s’il n’y a qu’une Musique, comme le prononcent magistralement