Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t9.djvu/130

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faut qu’imaginer un Chant à son gré ; y ajouter en Partition ; autant de Parties qu’on veut, à voix égales : puis, de toutes ces Parties chantées successivement, former un seul Air : tâchant que cette succession produise un tout agréable, soit dans l’Harmonie, soit dans le Chant.

Pour exécuter un tel Canon, celui qui doit chanter le premier, part seul, chantant de suite l’Air entier, & le recommençant aussi-tôt sans interrompre la Mesure. Dès que celui-ci à fini le premier couplet, qui doit servir de sujet perpétuel, & sur lequel le Canon entier a été composé, le second entre, & commence ce même premier couplet, tandis que le premier entré poursuit le second : les autres partent de même successivement, dès que celui qui les précede est à la fin du même premier couplet : en recommençant ainsi, sans cessé, on ne trouvé jamais de fin générale, & l’on poursuit le Canon, aussi long-tems qu’on veut.

L’on peut encore prendre une Fugue perpétuelle à la Quinte, ou à la Quarte ; c’est-à-dire, que chaque Partie répétera le Chant de la précédente, une Quinte ou une Quarte plus haut ou plus bas. Il faut alors que le Canon soit imaginé tout entier, di prima intenzione, comme disent les Italiens, & que l’on ajoute des Bémols ou des Dièses aux Notes, dont les degrés naturels ne rendroient pas exactement, à la Quinte ou à la Quarte, le Chant de la Partie précédente. On ne doit avoir égard ici à aucune modulation, mais seulement à l’identité du Chant ; ce qui rend la composition du Canon plus difficile : car à chaque fois qu’une Partie reprend la Fugue elle entre dans un nouveau Ton :