Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t9.djvu/137

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plutôt le Carrillon pour les Cloches que les Cloches pour le Carrillon, l’on n’y fait entrer qu’autant de Sons divers qu’il y a de Cloches. Il faut observer de plus, que tous leurs Sons ayant quelque permanence, chacun de ceux qu’on frappe doit faire Harmonie avec celui qui le précede & avec celui qui le suit ; assujettissement qui, dans un mouvement gai, doit s’étendre à toute une Mesure & même au-delà, afin que les Sons qui durent ensemble ne dissonent point à l’oreille. Il y a beaucoup d’autres observations à faire pour composer un bon Carrillon, & qui rendent ce travail plus pénible que satisfaisant : car c’est toujours une sotte Musique que celle des Cloches, quand même tous les Sons en seroient exactement justes ; ce qui n’arrive jamais. On trouvera, (Planche A. Fig. 14,) l’exemple d’un Carrillon consonnant, composé pour être exécuté sur une Pendule à neuf timbres, faite par M. Romilly, célebre Horloger. On conçoit que l’extrême gêne à laquelle assujettissent le concours harmonique des Sons voisins, & le petit nombre des timbres, ne permet gueres de mettre du Chant dans un semblable Air.

CARTELLES. Grandes feuilles de peau d’âne préparées, sur lesquelles on entaille les traits des Portées, pour pouvoir y noter tout ce qu’on veut en composant, & l’effacer ensuite avec une éponge ; l’autre côté qui n’a point de Portées peut servir à écrire & barbouiller, & s’efface de même, pourvu qu’on n’y laissé pas trop vieillir l’encre. Avec une Cartelle un Compositeur soigneux en a pour sa vie, & épargne bien des rames de papier réglé ; mais il y a ceci d’incommode,