Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t9.djvu/152

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assis au-dessous de la Chaire du Ministre sur le devant. Sa fonction exige une voix très-sorte, capable de dominer sur celle de tout le peuple, & de se faire entendre jusqu’aux extrémités du Temple. Quoiqu’il n’y ait ni Prosodie ni Mesure dans notre maniere de chanter les Pseaumes, & que le Chant en soit si lent qu’il est facile à chacun de le suivre, il me semble qu’il seroit nécessaire que le Chantre marquât une sorte de Mesure. La raison en est, que le Chantre se trouvant fort éloigné de certaines parties de l’Eglise, & le Son parcourant assez lentement ces grands intervalles, sa voix se fait à peine entendre aux extrémités, qu’il a déjà pris un autre Ton, & commencé d’autres Notes ; ce qui devient d’autant plus sensible en certains lieux, que le Son arrivant encore beaucoup plus lentement d’une extrémité à l’autre, que du milieu ou est le Chantre, la masse d’air qui remplit le Temple, se trouvé partagée à la fois en divers Sons fort discordans qui enjambent sans cessé les uns sur les autres & choquent fortement une oreille exercée, défaut que l’Orgue même ne fait qu’augmenter, parce qu’au lieu d’être au milieu de l’édifice, comme le Chantre, il ne donne le Ton que d’une extrémité.

Or le remede a cet inconvénient me paroît très-simple ; car comme les rayons visuels se communiquent à l’instant de l’objet à l’œil, ou du moins avec une vîtesse incomparablement plus grande que celle avec laquelle le Son se transmet du corps sonore à l’oreille, il suffit de substituer l’un à l’autre, pour avoir, dans toute l’étendue du Temple, un Chant bien simultané & parfaitement d’Accord. Il ne faut pour