Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t9.djvu/248

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Il y a une infinité de Dissonances possibles ; mais comme dans la Musique on exclud tous les Intervalles que le Systême reçu ne fournit pas, elles se réduisent à un petit nombre ; encore pour la pratique ne doit-on choisir parmi celles-là que celles qui conviennent au Genre & au Mode, & enfin exclure même de ces dernieres celles qui ne peuvent s’employer selon les regles prescrites. Quelles sont ces regles ? Ont-elles quelque fondement naturel, ou sont-elles purement arbitraires ? Voilà ce que je me propose d’examiner dans cet Article.

Le principe physique de l’Harmonie se tire de la production de l’Accord parfait par la résonnance d’un Son quelconque : toutes les Consonnances en naissent, & c’est la Nature même qui les fournit. Il n’en va pas ainsi de la Dissonance, du moins telle que nous la pratiquons. Nous trouvons bien, si son veut, sa génération dans les progressions des Intervalles consonnans & dans leurs différences ; mais nous n’appercevons pas de raison physique qui nous autorise à l’ introduire dans le corps même de l’Harmonie. Le P. Mersenne se contente de montrer la génération par le calcul & les divers rapports des Dissonances, tant de celles qui sont rejetées, que de celles qui sont admises ; mais il ne dit rien du droit de les employer. M. Rameau dit en termes formels, que la Dissonance n’est pas naturelle à l’Harmonie, & qu’elle n’y peut être employée que par le secours de l’Art, Cependant, dans un autre Ouvrage, il essaye d’en trouver le principe dans les rapports des nombres & les proportions harmonique & arithmétique, comme s’il y avoit quelque