Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t9.djvu/461

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MUSIQUE, s. f. Art de combiner les Sons d’une maniere agréable à l’oreille. Cet Art devient une science & mêmes très-profonde, quand on veut trouver les principes de ces combinaisons & les raisons des affections qu’elles nous causent. Aristide Quintilien définit la Musique, l’Art du beau & de la décence dans les Voix & dans les Mouvemens. Il n’est pas étonnant qu’avec des définitions si vagues & si générales les Anciens aient donne une étendue prodigieuse à l’Art qu’ils définissoient ainsi.

On suppose communément que le mot de Musique vient de Musa, parce qu’on croit que les Muses ont inventé cet Art : mais Kircher, d’après Diodore, fait venir ce nom d’un mot Egyptien, prétendant que c’est en Egypte que la Musique a commencé à se rétablir après le déluge, & qu’on en reçut la premiere idée du Son que rendoient les roseaux qui croissent sur les bords du Nil, quand le vent souffloit dans leurs tuyaux. Quoi qu’il en soit de l’étymologie du nom, l’origine de l’Art est certainement plus prés de l’homme, & si la parole n’a pas commencé par-du Chant, il est sur, au moins, qu’on chante par-tout où l’on parle.

La Musique se devise naturellement en l’Musique théorique ou spéculative, & en Musique pratique.

La Musique spéculative est, si l’on peut parler ainsi, la connoissance de la matiere musicale ; c’est-à-dire, des différens rapports du gravé à l’aigu, du vite au lent, de l’aigre au doux, du fort au foible, dont les Sons sont susceptibles ; rapports qui, comprenant toutes les combinaisons possibles de la Musique &.des Sons, semblent comprendre aussi toutes