Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t9.djvu/659

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toises, selon M. de la Condamine. Le P. Mersenne & Gassendi ont assuré que le vent favorable ou contraire n’accéléroit ni ne retardoit le Son : depuis les expériences que Derham & l’Académie des Sciences ont faites sur ce sujet ; cela passe pour une erreur.

Sans ralentir sa marche, le Son s’affoiblit en s’étendant & cet affoiblissement, si la propagation est libre, qu’elle ne soit gênée par aucun obstacle ni ralentie par le vent, suit ordinairement la raison du quarré des distances.

III. Quant à la différence qui se trouvé encore entre les Sons par la qualité du timbre, il est évident qu’elle ne tient ni au degré d’élévation, ni même à celui de forcé. Un Hautbois aura beau se mettre à l’Unisson d’une Flûte, il aura beau radoucir le Son au même degré, le Son de la Flûte aura toujours je ne sais quoi de moelleux & de doux ; celui du Hautbois je ne sais quoi de rude & d’aigre, qui empêchera que l’oreille ne les confonde ; sans parler de la diversité du timbre des voix. (Voyez Voix.) Il n’y a pas un Instrument qui n’ait le sien particulier, qui n’est point celui de l’autre, & l’Orgue seul a une vingtaine de jeux tous de timbre différent. Cependant personne que je sache n’a examiné le Son dans cette partie ; laquelle, aussi-bien que les autres, se trouvera peut-être avoir ses difficultés : car la qualité du timbre ne peut dépendre, ni du nombre des vibrations, qui fait le degré du grave à l’aigu, ni de la grandeur ou de la forcé de ces mêmes vibrations, qui fait le degré du fort au foible. Il faudra donc trouver dans le corps sonore une troisieme cause différente de ces deux, pour expliquer