Page:Rousseau - Du Contrat social éd. Beaulavon 1903.djvu/169

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LIVRE DEUXIÈME l5o,

culier, et ne peut, comme générale, prononcer ni sur un homme ni sur un l'ait. Quand le peuple d'Athènes, par exemple, nommait ou cassait ses chefs, décernait des honneurs à l'un, imposait des peines à l'autre, et, par des multitudes de décrets particuliers, exer- çait indistinctement tous les actes du gouvernement, le peuple alors n'avait plus de volonté générale 'proprement dite ; il n'agissait plus comme souverain, mais comme magistrat. Ceci paraîtra contraire aux idées communes ; mais il faut me laisser le temps d'exposer les miennes ( , ).

On doit concevoir par là que ce qui généralise la volonté est moins le nombre des voix que l'intérêt commun qui les unit ( a ) ; car, dans cette institu- tion ( 3 ), chacun se soumet nécessairement aux con- ditions qu'il impose aux autres : accord admirable de l'intérêt et de la justice, qui donne aux déli- bérations communes un caractère d'équité qu'on voit s'évanouir dans la discussion de toute affaire particulière, faute d'un intérêt commun qui unisse et identifie la règle du juge avec celle de. la partie ( 4 ).

Par quelque côté qu'on remonte au principe, on arrive toujours à la même conclusion; savoir, que le pacte social établit entre les citoyens une telle égalité, qu'ils s'engagent tous sous les mêmes condi-

(*) On verra plus loin (liv. III, ch. xvu) à quelles inex- tricables difficultés pratiques Rousseau est conduit par cette distinction.

( 2 ) Se reporter à ce qui a été dit plus haut, chap. ni, p. i5i, note i. Cf Introd., I, § 4-

(*') Expression obscure. Lorsqu'il y a volonté générale, la décision prise est nécessairement générale et oblige également tout le monde.

(') Voir page précédente, note 2.

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