Page:Rousseau - Du Contrat social éd. Beaulavon 1903.djvu/171

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LIVRE DEUXIÈME l6l

ment de ce qui lui a été laissé de ses biens et de sa liberté par ces conventions ; de sorte que le souve- rain n'est jamais en droit de charger un sujet plus qu'un autre, parce qu'alors, l'affaire devenant parti- culière, son pouvoir n'est plus compétent.

Ces distinctions une fois admises, il est si faux que dans le contrat social il y ait de la part des particuliers aucune renonciation véritable, que leur situation, par l'effet de ce contrat, se trouve réelle- ment préférable à ce qu'elle était auparavant (*), et qu'au lieu d'une aliénation ils n'ont fait qu'un échange avantageux d'une manière d'être incertaine et précaire contre une autre meilleure et plus sûre, de l'indépendance naturelle contre la liberté, . du pouvoir de nuire à autrui contre leur propre sûreté, et de leur force, que d'autres pouvaient surmonter, contre un droit que l'union sociale rend invincible. Leur vie même, qu'ils ont dévouée à l'Etat, en est

de la souveraineté. Le souverain ne peut, sans cesser d'être, édicter autre chose que des lois générales : la liberté des individus est donc garantie dans la mesure où elle se confond avec l'égalité, ou, en d'autres termes, les individus sont sûrs que, malgré la toute-puissance du souverain, on ne pourra jamais exiger de l'un plus que de l'autre. Par suite, le souverain, dont les membres auront tous également à subir l'application des lois, n'a intérêt à exercer que la puissance rigoureusement indispensable au bien de l'Etat. — Le raisonnement de Rousseau est donc logique et rigoureux, mais on voit sur quel postulat il repose : il faut admettre sa théorie de la volonté générale, générale par son sujet comme par son objet, et se proposant infailliblement comme lin le bien commun. Si la volonté générale se cor- rompt, la Liberté des individus n'a plus de garantie. N'est- ce pas; en effet, une nécessité ? Cf. Introd., I, § 4 et 6. (') Voir liv. I, eh. vin.

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