Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/208

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LIVRE 111. - CHAP. VIII. nb; lents dans les pays chauds : c’est une troisiéme différence qui ne peut manquer d’influer sur la seconde. Pourquoi mange-t-on tant de légumes en Italie? Parce qu’ils y sont bons, nourrissants, d’excellent gout. En France, ou ils ne sont nourris que d’eau, ils ne nourrissent point, et sont presque comptés pour rien sur les tables. Ils n’occupent pourtant pas moins de terrain et cofitent du moins autant de peine a cultiver. C’est une experience faite que les blés de Barbarie, d’ailleurs inférieurs a ceux de France, rendent beaucoup plus en farine, et que ceux de France, a leurtour, rendent plus que les blés du Nord. D’ou l’on peut inférer qu’une gradation semblable s’observe généralement dans la méme direction de la ligne au pole. Or, n’est-ce pas un désavantage visible d’avoir dans un produit égal une moindre quantité d’aliments? A toutes ces diiférentes considerations j’en puis aioutei une qui en découle et qui les fortifie : c’est que les pays chauds ont moins besoin d’habitants que les pays froids, et pourraient en nourrir davantage; ce qui produit un double superflu toujours 5. l’avantage du despotisme. Plus le méme nombre d’habitants occupe une grande surface, plus les révoltes deviennent difiiciles, parce qu’on ne peut se con- certer ni promptement ni secretement, et qu’il est toujours facile au gouvernement d’éventer les proiets et de couper les communications;mais plus un peuple nombreux se rapproche, moins le gouvernement peut usurper sur le souverain : les chefs délibérent aussi surement dans leurs chambres que le prince dans son conseil, et la foule s’as- semble aussi tot dans les places que les troupcs dans leurs quartiers. L’avantage d’un gouvernement tyrannique est donc en ceci d’agir a grandes distances. A l’aide des points d’appui qu’il se donne, sa force augmente au loin comme celle des leviers (cz). Celle du peuple, au contraire, n’agit que (a) Ceci ne contredit pas_ce que j’ai dit ci-devant (liv. II, chap. xx) sur les inconvénients des grands Etats; car il s‘agissait la de Pautorité du gouver-