Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/215

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Subslstcralt encore moins. Il faut donc remonter et serrer le ressort à mesure qu’il céde : autrement I’Etat qu’il soutient tomberait en ruine.

Le cas de la dissolution de l’Etat peut arriver de deux manières.

Premièrement, quand le prince n’administre plus l’Etat selon les lois, et qu’il usurpe le pouvoir souverain (1). Alors il se fait un changement remarquable ; c’est que, non pas le gouvernement, mais l‘Etat se resserre : je veux dire que le grand Etat se dissout, et qu’il s’en forme un autre dans celui-là, composé seulement des membres du gouvernement, et qui n'est plus rien au reste du peuple que son maître et

c’est qu’elle se corrige; s’il A perdu ses principes quand Ia constitution vient A changer, c’est qu'elle se corrompt.

Montesquieu, Esprit des Lois, liv. VIII, chap. xt. ... Lqrsque les principes du gouvernement sont une fois corrompus,les meilleures lois deviennent mauvaises et se tournent contre 1’Etat; Iorsque les principes en sont sains, les mauvaises out l’eB`et des bonnes, Ia force du principe entratne tout.

Il y a peu de lois qui ne soient bonnes Iorsque l'Etat n'a point perdu ses principes et ie puis bien dire ici ce que disait Epicure en parlant des richesses: Ce n‘est point la liqueur qui est corrompue, c’est le vase.

( 1) Aristote, Politique, liv. VIII, chap. vt. — Dans les aristocraties, la révolution peut venir d’abord de ce que les fonctions politiques sont le partage d’une minorité trop restreinte.

La chose la plus funeste à l’existence des républiques et des aristocraties c’est l'infraction du droit politique tel que le reconnaît la constitution même; ce qui cause la révolution alors, c’est que pour la république l’élément démocratique et l’élément oligarchique ne se trouvent point en proportion convenable, et pour I’aristocratie que ces deux éléments et le mérite sont mal combinés. Les formes démocratiques sont les plus solides de toutes parce que c’estla majorité qui y domine et que cette égalité dont on y jouit fait chérir la constitution qui la donne. Les riches, au contraire, quand la constitution leur assure une supériorité politique, ne cherchent qu’A satisfaire leur orgueil et leur ambition. De quelque coté du reste que penche le principe de gou- vernement, il dégénére touiours grace A Piniiuence des deux partis con- traires qui ne pensent jamais qu’A l’excés de ces pouvoirs : la république en démagogie, et I’aristocratie en oligarchie ou bien tout au contraire... On peut dire en général de tous les gouvernements qu’ils succombent tantot A des causes internes de destruction, tantot A des causes qui leur sont extérieures. Locxn, Gouverncment civil, chap. xvm. — Quand Ie pouvoir Iégislatif est ruiné, ou dissous, la dissolution, la mort de tout le corps politique s’ensuit. Q I