Page:Rousseau - Les exploits d'Iberville, 1888.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
123
Les Exploits d’Iberville

— Monsieur le marquis ajoutera bien une somme de trois cents livres pour faire rebâtir ma maison ?

— Accordé. Et je me charge de la faire meubler confortablement ; car je ne veux pas que le père couche sur la paille, tandis que le fils reposera ici sur l’édredon.

« L’appétit vient en mangeant » passez-moi le vulgaire proverbe. C’est ainsi que les prétentions de mon père augmentaient à mesure qu’il voyait le marquis plus facile à lui accorder ce qu’il demandait.

— Et notre bienfaiteur, reprit-il, m’autorisera à chasser sur ses terres ? Il me donnera…

— Maître Pierre, interrompit M. Duperret-Janson, je vous avertis que vous allez tuer la poule aux œufs d’or, si vous continuez. Je veux bien vous permettre de chasser sur mes terres, pour votre plaisir, sans chiens d’arrêt, ni courants, bien entendu ; mais ne me demandez plus rien, ou tout est rompu.

— Je me soumets, monsieur le marquis.

— Demain seront signés les titres de votre rente viagère et le contrat par lequel vous vous désistez de tous vos droits sur cet enfant en ma faveur.

« C’est ainsi, continua Urbain en trempant ses lèvres dans un verre de vin, que je fis mon entrée au château de la Belle-Jardinière.

« J’étais d’une intelligence assez précoce et d’un caractère facile. Je m’acclimatai vite à mon nouveau genre de vie et bientôt d’une façon si complète,