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Les Exploits d’Iberville

va tomber entre des mains amies, ou elle sera recueillie par des ennemis. Dans ce dernier cas, je m’en apercevrai au redoublement de surveillance qui s’exercera autour de moi : dans le premier cas, et s’il vient à la pensée de la personne qui a ramassé mon billet de venir à mon secours, cette personne se présentera de nouveau à la même heure sous ma fenêtre.

— C’est évident ! dirent ensemble Yvonne et Pierre.

— Donc, reprit le vieillard, tu te rendras demain à quatre heures sous la fenêtre du prisonnier. Tu dois être assez habile pour lui lancer un objet que nous allons te confier et qui contiendra les instructions nécessaires. Écris, Yvonne, le plus menu possible.

La jeune fille prit un morceau de papier, trempa sa plume dans l’encrier et écrivit d’une jolie petite écriture le billet suivant que son père lui dicta :

« Des compatriotes, prisonniers comme vous, mais libres dans la ville, s’intéressent à votre sort. Ce fil de soie vous servira à monter jusqu’à vous les objets que nous vous ferons passer ce soir. Vous avez trois jours pour scier les barreaux de votre fenêtre. Ce soir, à la nuit, laissez pendre le fil. »

— Maintenant, continua le vieillard, introduis ce billet dans un de ces pelotons de soie que je vois-là, dans ta corbeille à ouvrage, Yvonne, et passe le tout à Pierre. Compris, n’est-ce pas ?

— Parfaitement ! répondit celui-ci.