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Les Exploits d’Iberville

— Tonnerre d’un nom ! fit Urbain en frappant du pied, c’est donc une flotte que nous avons devant nous ?

Puis embouchant de nouveau son porte-voix.

— Où ! demanda-t-il.

— Tout droit à notre avant.

— Comment gouverne-t-il ?

— Sur nous.

— Renand ! dit Urbain en s’adressant à un jeune officier qui passait en ce moment devant lui, descend prévenir le commandant de ce qui arrive.

Le jeune homme se dirigea précipitamment vers l’arrière du vaisseau et disparut par l’écoutille.

Toutes les longues-vues du bord, tous les regards, anxieux, étaient dirigés vers les vaisseaux en vue dont la silhouette grossissait de minute en minute.

Était-ce des amis ? Était-ce les trois vaisseaux de l’escadre dont on était sans nouvelles ? Était-ce au contraire des ennemis ? Allait-on être salué par des cris d’allégresse ? Faudrait-il au contraire se frayer un chemin à coup de boulets pour atteindre ce fort Bourbon qu’on voulait rendre à la France ?

Un silence profond régnait à bord du Pélican, silence troublé seulement par les vagues venant se briser sur la carène du vaisseau et le sifflement du vent dans les cordages de la mature.

Pas un de ces fiers marins ne se dissimulait le critique de la position si l’on se trouvait en présence