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Les Exploits d’Iberville

page, s’arrêta de nouveau et promenant un regard autour de lui :

— Aurait-on peur de l’Anglais parce qu’on est un contre trois ? Les marins d’Iberville auraient-ils appris à compter le nombre de leurs ennemis ? La route est bloquée ! eh ! bien, c’est pas malin, nous couperons la ligne, voilà tout. Parce que la surprise m’a fait monter la colère au front, est-ce à dire que tout est désespéré ? Enfants, le boulet qui doit couler le Pélican n’est pas encore fondu ! Courage, enfants, nous en avons vu bien d’autres… De la toile au vent, Urbain, encore de la toile, toujours… que la mature craque, mais que nous brûlions la politesse à ces canailles qui ne nous ont pas encore amarinés… Serre au plus près, timonier… En haut ! mes vieux gabiers !…… Vive la France !

— Vive la France ! Vive d’Iberville ! s’écria l’équipage électrisé par ces chaudes paroles en se précipitant pour exécuter la manœuvre.

En un clin d’œil, le Pélican fut couvert de toile et prit une vitesse vertigineuse. Couché sur le flanc de bâbord, à chaque tangage il disparaissait sous la vague, complètement submergé. Il fallait un commandant comme d’Iberville et un équipage comme le sien pour risquer une telle manœuvre ; car un coup de vent pouvait faire engager le navire, et un navire engagé, c’est-à-dire couché sur le flanc, ne se relève pas, en d’autres termes, il est perdu.

Cependant les navires anglais grossissaient tou-