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Les Exploits d’Iberville

D’Iberville, suivi d’Urbain, s’élança le premier sur le pont de l’ennemi :

— À moi, les enfants ! cria-t-il d’une voix de stentor.

Les matelots se précipitèrent à sa suite.

Ce fut vraiment une grande et mémorable lutte. Un combat de Titans défendant leur drapeau contre un ennemi non sans valeur. Les gueules des mousquets crachaient la mort dans les masses compactes ; les haches d’abordage, maniées par les hardis marins canadiens, faisaient de larges trouées, crevant les poitrines, fendant les crânes, abattant bras et jambes…

Le sang ruissèle sur le pont, les pieds glissent dans des flaques rouges. Chaque blessure devient mortelle ; le pont s’accumule de blessés trop faibles pour se relever, de mourants que les combattants piétinent sans pitié. Les grenades lancées par les mousses éclatent sous les pieds des lutteurs. Canadiens et Anglais sont atteints à la fois.

Au-dessus des piques éclate sans interruption une mousqueterie formidable.

Cependant d’Iberville, qui combattait au premier rang, sur la dunette de l’ennemi, ne tarda pas à se trouver enveloppé. Ses pistolets n’avaient plus de balles et le temps manquait pour les recharger.

Il saisit une hache d’abordage et la fit tournoyer autour de sa tête avec une habileté et une furie qui, durant quelques minutes, le sauvèrent. À sa bravoure, le capitaine du vaisseau anglais devina que ce