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Les Exploits d’Iberville

la position réglementaire du subalterne devant son supérieur.

D’Iberville avait l’air rayonnant et heureux. Il s’assit sur le divan et prenant la main du jeune officier qu’il attira près de lui :

— Urbain ! lui dit-il, sauriez-vous vous montrer aussi fort dans la joie que vous l’avez été dans la douleur ?

— Que voulez-vous dire ? mon commandant, répondit le jeune homme étonné.

— Je veux dire qu’il va se présenter pour vous une joie si grande, si incroyable, si inattendue surtout, que vous m’accuseriez de vouloir me jouer de vos sentiments si je n’avais à vous en fournir la preuve évidente, palpable.

— Je ne comprends pas. Il n’y aurait pour moi qu’une joie aussi grande, un bonheur aussi parfait : retrouver ceux que j’ai perdus… Mais Yvonne est morte, son père est mort aussi… et moi je ne puis aller les rejoindre parce que les balles ne veulent pas m’atteindre.

— Et si je vous donnais de leurs nouvelles ? Si je vous fournissais la preuve qu’ils sont vivants, qu’ils vous seront rendus ?…

— Je dirais que Dieu a fait un miracle et je bénirais son saint nom…

— Lisez la dépêche que m’envoyait tantôt M. de la Salle.