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Les Exploits d’Iberville

des Iroquois une négresse ou une sauvagesse pour lui être comparée, que je dis, et pourtant qu’il y en a des soignées, que j’en ai souvenance ! Tonnerre de Brest. Il me paraît que le plomb de sonde de son cœur rapporte fier fond d’amourette pour mon lieutenant, à ce que dit Kernouët, mon matelot, qui va peut-être avaler sa gaffe !… Brave petite fille ! Oui, s’il y a du danger, que Cacatoès est là, et que si un terrien essaye de lui en conter que je le croche, que je l’élingue en grand et que je lui fais tour mort et demi-clef sur le pertuis au légume qu’il en crachera sa langue !…

Et Cacatoès serra les poings avec une énergie telle, que ses os en craquèrent.[1]

  1. D’Iberville avait pris part déjà à une première expédition par terre dans la Baie d’Hudson en 1685. Nous en empruntons le récit à une remarquable relation de voyage intitulée « En route pour la Baie d’Hudson, » que vient de publier M. l’abbé Proulx, missionnaire dans le vicariat apostolique de Pontiac.

    « Il fallait, pour réussir, des hommes accoutumés à de longues marches, habiles à conduire les canots, capables d’endurer les froids les plus piquants, habitués à faire la petite guerre. La compagnie obtint du gouverneur, M. Denonville, un corps de 70 canadiens, et leur donna pour chefs quatre de leurs compatriotes, officiers braves, également brisés aux voyages de terre et de mer : c’étaient le sieur Lenoir et les trois frères Lemoyne, les sieurs d’Iberville, de Ste-Hélène et Maricourt. On leur adjoignit trente soldats, commandés par MM. Duchesnil et Catalogne. Cette petite armée avait pour chef le chevalier de Troyes, et pour aumonier le R. P. Sylvie.

    « Ce parti d’hommes partirent de Montréal à la fin de mars et montèrent la rivière des Outaouais jusqu’à Mattawan où ils attendirent la débâcle en se construisant des cahots. À la première naviga-