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Les Exploits d’Iberville

Que se passa-t-il dans cette soirée entre les deux parents ? On ne le sut jamais clairement. Des domestiques en passant auprès du cabinet entendirent des éclats de voix irritées, quelques jurons, une dispute assez vive, mais ce fut tout.

Vers onze heures, le vieil intendant en éteignant les lumières de l’antichambre entendit tout-à-coup un grand cri, le cri d’une personne qu’on égorge, partant du cabinet de son maître, et un instant après, la porte s’ouvrit et celui-ci parut l’air effaré, appelant au secours.

L’intendant se précipita dans la chambre suivi d’un domestique. Un spectacle affreux s’offrit à leurs regards : le chevalier de Vertuchoux se roulait sur le tapis la face violacée, les habits en désordre, la cravate arrachée.

Ils le relevèrent, le placèrent sur un lit et on envoya chercher le médecin du village. Mais quand celui-ci arriva, le chevalier avait cessé de vivre. Au dire du médecin appelé, le malade venait de succomber à une attaque d’apoplexie foudroyante.

Le vicomte fît de grandes obsèques à son cousin duquel il allait hériter. Il eut même l’impudence de faire placer sa dépouille dans le caveau de la famille Duperret-Janson à côté de celle du marquis. Mais les paysans qui détestaient autant les nouveaux maîtres du château qu’ils avaient adoré les anciens, profanèrent la sépulture du chevalier : dans la nuit, le cercueil fut enlevé du caveau et enterré dans un