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Les Exploits d’Iberville

contraignent des mères à rôtir vifs leurs enfants. Deux cents personnes périssent dans les flammes. Un grand nombre d’autres sont entraînées dans les cantons pour y souffrir le même supplice. L’île est inondée de sang et ravagée jusqu’aux portes de la ville de Montréal. De là, les Iroquois passent sur la rive opposée ; la paroisse de La Chenaie est incendiée toute entière, et une partie des habitants est massacrée.

« Rien ne vient arrêter le torrent destructeur, qui fut maître de son cours pendant plusieurs semaines.

« À la première nouvelle de l’irruption, M. de Denonville perdit la tête. Il se présenta plusieurs troupes d’hommes pour marcher aux Iroquois, il les fit revenir ou leur défendit de remuer. Plusieurs fois on aurait pu surprendre ces barbares ivres de vin et dispersés dans la campagne, et les détruire, ou les attaquer en chemin avec avantage ; mais l’ordre positif, empêchait de rien faire. Les soldats et les habitants restaient immobiles sous les armes, devant ces ravages, sans pouvoir se venger. »[1]

 
 

Nous sommes sur la rive sud du lac St. Louis, à la veille du 5 août. Au milieu d’une immense clairière, bordée d’un bois touffu, une troupe de plusieurs cents Iroquois entoure une hutte où délibèrent les

  1. Garneau, Histoire du Canada.