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Les Exploits d’Iberville

La danse du scalpe commença bientôt après.

Une foule de guerriers, parés et le visage noirci, tournaient deux par deux autour du poteau en lançant leur cri de guerre.

Ils avaient à la main, ornés de plumes noires et de drap, rouge, des casses-têtes et des fusils dont ils posaient, en dansant, la crosse à terre.

Ces hommes formaient un vaste demi-cercle autour du poteau ; en face d’eux et complétant le cercle, les femmes dansaient.

Cette danse continua assez longtemps avec des hurlements atroces, capables de rendre fou de terreur un homme moins brave que le père Kernouët connaissant les épouvantables tortures qui l’attendaient.

Enfin Tête d’Aigle, qui conduisait les horribles danseurs, toucha légèrement le condamné. À ce signal, le tumulte cessa comme par enchantement, les rangs se rompirent, chacun saisit ses armes.

Le supplice allait commencer.

Mais avant de donner le signal des tortures Tête d’Aigle donna un ordre à un guerrier, et quelques instants après, Yvonne était amenée au pied du poteau.

Le chef lui enleva son bâillon et lui montrant son père :

— Que la Fleur du Lac dise un mot, fit-il, et les liens qui retiennent son père vont se rompre.