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Les Exploits d’Iberville

Le lieutenant Glen fut frappé de la beauté d’Yvonne et touché de ses malheurs.

— Sauvez mon père ! sauvez-moi ! s’était écriée la jeune fille en se précipitant à ses pieds.

— Votre père ? Où est-il ? demanda avec bonté le jeune homme en la relevant.

— Hélas dans quel état m’a-t-il été rendu ! Ces barbares à face humaine l’ont martyrisé ; ils allaient achever leur œuvre de démon quand votre arrivée a fait suspendre le supplice !…

— Où se trouve ce prisonnier ? demanda sévèrement le jeune homme en se retournant vers Tête d’Aigle.

— Ce vieillard et la Fleur du Lac, répondit le sauvage, sont les prisonniers du chef redoutable des Agniers ; il a le droit de les faire mourir ou de les sauver. Que la jeune Fleur lui accorde ce qu’il a demandé et il les sauvera.

— Oh ! monsieur, si vous saviez ! reprit Yvonne avec un geste de dégoût ; cet affreux sauvage veut me forcer à l’épouser. Outre l’horreur d’une telle position, mon père m’a menacé de sa malédiction, si je consentais à cette immolation pour le sauver.

Oh ! monsieur, si vous avez une mère, si vous avez une sœur, au nom de cette sœur, au nom de cette mère, sauvez-moi ! sauvez mon père !

Le jeune homme, ému, touché plus que nous ne saurions le dire, résolut de sauver ces malheureux.