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ix
Préface

son salut, dit-on, qu’en allumant un contre-incendie qui neutralise, qui arrête le premier.

— Vous voudriez allumer ce contre-incendie ? interrompit mon interlocuteur avec un sourire bienveillant, mais ironique un peu.

— À Dieu ne plaise ! monsieur, que je nourrisse cette prétention exagérée, repris-je avec vivacité. Je connais trop bien la faiblesse de mes ressources et les proportions très-bornées de mon jeune talent. Qui m’empêcherait pourtant d’apporter ma pierre, une toute petite pierre, bien humble, à l’édifice ? L’idée est généreuse et patriotique ; qui m’assure qu’elle ne charmera pas les écrivains canadiens, et que nous ne verrons pas avant peu un grand mouvement dans le sens que je viens d’indiquer, mouvement national que j’appelle de tous mes vœux !

Chaque page de notre histoire renferme un drame. Eh bien ! dramatisons l’Histoire du Canada, faisons mouvoir devant les yeux de notre peuple ces grandes figures de nos annales avec leurs vertus, leurs passions, et le peuple nous lira. Puisqu’il veut du roman moderne, puisqu’il est gâté sous ce rapport, eh bien ! donnons-lui du roman, mais du roman vraiment bon, honnête, vertueux, national. Il y a dans ce sens à exercer un véritable apostolat.