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Les Exploits d’Iberville

est peut-être dû ; il serait étrange qu’il ne m’en parlât pas, et que je ne fusse pas préparée et disposée à l’entendre.

Lewis fit signe au cocher de le suivre et il conduisit Yvonne à pied en l’entretenant de son père ; mais dans ce court trajet il ne lui parla pas de lui-même. Ce ne fut qu’au moment de prendre place sur un banc dans une allée ombragée qu’il lui dit du ton le plus détaché et en souriant :

— Savez-vous que c’est ce soir que l’on veut me présenter à mademoiselle Campbell ?

Yvonne répondit avec sincérité et résolution :

— Non, je ne savais pas que ce fut aujourd’hui.

— Si je vous parle de cela, reprit-il, c’est parce que je sais que ma mère vous a tenue au courant de ce beau projet. Moi, je ne vous en ai jamais parlé ; cela n’en valait pas la peine.

— Vous avez donc cru que je ne m’intéressais pas à votre bonheur ?

— Mon bonheur ! est-ce qu’il peut être dans les mains d’une inconnue ? Et vous, mon amie, vous qui me connaissez depuis près de quatre ans que vous demeurez avec nous, pouvez-vous me parler ainsi ?

— Alors,… je dirai le bonheur de votre mère, puisqu’il dépend de ce mariage,

— Oh ! ceci est une autre affaire, reprit vivement le