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Les Exploits d’Iberville

— Ne me dites pas, continua-t-il, sans donner le temps à Yvonne de répondre, que j’ai des devoirs en contradiction avec celui-là. Je ne suis pas un homme faible et flottant. Je ne me paie point de mots consacrés par l’usage, et je ne prétends pas me faire l’esclave et la victime des chimères de l’ambition.

— Eh bien ! en tout ceci, je vous approuve autant que je vous admire, reprit Yvonne, mais il me semble que tout peut et doit s’arranger, relativement à votre mariage, selon les désirs de votre famille et les vôtres. Puisqu’on dit mademoiselle Campbell tout-à-fait digne de vous, pourquoi donc, au moment de vous en assurer, prononcez-vous d’avance que cela n’est ni possible, ni probable ? Voilà, où je ne vous comprends plus du tout, et où je doute que vous ayez des motifs sérieux et respectables à me faire accepter.

Le jeune homme fut sur le point de lui déclarer que l’amour qu’il ressentait pour elle, amour sérieux, pur, profond, en était un suffisant, mais le ton décidé de la jeune fille le fit changer de résolution.

— Eh bien ! vous voyez, reprit-elle, vous ne trouvez rien à une répondre !

— Vous avez raison, dit-il ; je n’avais pas le droit de vous dire que mademoiselle Campbell me serait à coup sûr indifférente. Je le sais, mais vous ne pouvez être juge des raisons sécrètes qui m’en donnent la certitude. Ne parlons plus d’elle. Je tenais