Page:Roussel - Idées religieuses et sociales de l’Inde ancienne.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’ombre du palmier. Accomplissez donc de grands sacrifices, jouissez et faites jouir ; car, à partir de ce jour, dans la quatorzième année, arrivera pour vous la suprême catastrophe »[1].

Ce que Drona recommande aux Kurus ce ne sont pas des plaisirs coupables, mais des jouissances légitimes et même saintes, dans une certaine mesure, car il s’agit surtout des festins et des présents qui suivent les « grands sacrifices ».

On ne saurait donc assimiler complètement ce langage à celui des libertins dont parle la Sagesse :

« Umbræ enim transitus est tempus nostrum… venite ergo et fruamur bonis quæ sunt et utamur creatura tanquam in juventute celeriter… Coronemus nos rosis antequam marescant ; nullum pratum sit quod non pertranseat luxuria nostra »[2].

Ces impies n’aspirent qu’à la débauche ; ils ne s’occupent nullement de leur salut.


III. Péchés.

Le jour du sacre de Yudhiṣṭhira, les Ṛṣis, Nârada en tête, pénétrèrent dans l’intérieur de la vedi, de l’enceinte sacrée, et profitant d’un moment de loisir, ils se mirent à discuter ensemble, avec une grande vivacité, sans doute en vertu de l’axiome formulé par La Fontaine en ces termes :

La dispute est d’un grand secours :
Sans elle on dormirait toujours[3].

« C’est ceci, non, mais cela ; il n’en saurait être autre-

  1. Id. 50 et 51. Cf. V. 110-112. passage cité plus haut, p. 47.
  2. Sap. II, 5 et seq.
  3. Livre IX, Le Renard et le Chat.