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« L’homme dont les Dieux veulent la perte, ils le privent de raison ».

Yasmai Devâḥ prayacchanti puruṣâya parâbhavam ;
Buddhim tasyâpakarṣanti…[1]

Nous ne saurions mieux que par ce mot terminer le chapitre relatif au péché, tel que l’entend l’auteur du Sabhâ-Parvan.


IV. Destin.

Nous venons de le voir, nul ne peut échapper à sa destinée. Yudhiṣṭhira sait fort bien que le jeu lui est funeste ; et il joue, entraîné moins par sa passion que par la fatalité. Dhṛtarâṣṭra n’ignore pas qu’en persécutant ses neveux il attire la ruine sur sa maison, il ne laisse pas moins ses fils, Duryodhana surtout, poursuivre leurs cousins de leur haine et de leurs outrages. Ainsi le veut le Destin. « C’est écrit », comme dira plus tard le fatalisme musulman.

Vyâsa prédit à Yudhiṣṭhira qu’il allait avoir, en songe, une vision effrayante de l’avenir. Il ajoute :

« Ne t’inquiète pas de ce songe : le Temps est irrésistible »[2].

Le Temps ici comme partout est la destinée à laquelle nul n’échappe. À quoi servirait-il au Pâṇḍava de s’attrister à l’avance, puisqu’il ne peut rien contre ce que le sort lui réserve ?

Duryodhana, s’imaginant que la prospérité dont jouissaient Yudhiṣṭhira et ses frères n’aurait point de terme, avait résolu, on se le rappelle, de mourir plutôt que d’être

  1. LXXXI, 8.
  2. XLVI, 16.