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Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/115

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Le doigt tendu vers la scène, Carmichaël prit la parole en ces termes :

— « Hændel composant mécaniquement le thème de son oratorio Vesper. »

Soreau, dans le rôle d’Hændel, s’était fabriqué une cécité de convention en maquillant ses paupières, qu’il gardait presque entièrement baissées.

La scène s’éclipsa derrière son voile de draperies, et un intervalle assez long fut signalé uniquement par les chuchotements de l’assistance.

— « Le czar Alexis découvrant l’assassin de Plechtcheïef. »

Cette phrase, lancée par Carmichaël au moment où les rideaux glissaient sur leur tringle, s’appliquait à une scène russe du XVIIe siècle.

À droite, Soreau, figurant le czar, tenait verticalement au niveau de ses yeux un disque en verre roux offrant une apparence de soleil couchant. Son regard, traversant cette vitre ronde, fixait vers la gauche un groupe d’hommes du peuple empressés autour d’un mourant, qui, le visage et les mains complètement bleus, venait de tomber en convulsions dans leurs bras.

La vision dura peu et fut suivie d’un entr’acte fugitif qui prit fin sur cette annonce de Carmichaël :