Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/157

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nègre, arrivée à son paroxysme, pouvait faire craindre les funestes effets d’une station trop prolongée sous l’ensorcelante végétation.

Séil-kor retrouva vite son calme. Débarrassé par Darriand de ses oripeaux de papier, il regarda soudain autour de lui comme un dormeur qui s’éveille, puis murmura doucement :

— Oh! je me souviens, je me souviens… Nina… Tripoli… la Vallée d’Oo…

Darriand l’observait anxieusement, épiant avec joie ces premiers symptômes de guérison. Bientôt le triomphe de l’hypnotiseur devint éclatant, car Séil-kor, reconnaissant tous les visages, se mit à répondre sainement à une foule de questions. L’expérience, merveilleusement réussie, avait rendu la raison au pauvre fou, plein de gratitude pour son sauveur.

Maintes félicitations furent prodiguées à Darriand, pendant que les porteurs enlevaient l’admirable objet à projections, dont la puissance venait de se manifester d’une façon si heureuse.


Au bout d’un moment, on vit paraître à gauche, traîné sans peine par un esclave, certain char romain dont les deux roues, en tournant, produisaient sans interruption un ut assez aigu,