Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/256

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de sa race et de transmettre aux générations futures une relation poétique de son règne, qu’il voulait écrasant et glorieux.

Chaque fois qu’il terminait un fragment de la Jéroukka, il l’apprenait à ses guerriers, qui, à l’unisson, le chantaient en chœur sur une sorte de mélopée lente et monotone.


Les années se succédèrent sans amener aucun nuage entre Mossem et Rul, qui continuaient à s’aimer en secret.

Mais un jour l’empereur fut instruit de leurs relations par une de ses nouvelles épouses.

Incapable d’ajouter foi à ce qu’il prenait pour une audacieuse calomnie, Talou conta gaîment la chose à Rul, en l’invitant à se méfier de la haine jalouse provoquée chez ses rivales par son écrasante beauté.

Bien que rassurée par le ton jovial de l’empereur, Rul flaira le danger et se promit de redoubler de prudence.

Elle supplia Mossem d’afficher une maîtresse qu’il comblerait ostensiblement d’honneurs et de richesses pour détourner les soupçons du monarque.