Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/28

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de sa main, pour se graisser ensuite le front avec le bout des doigts.

Il remit aussitôt le flacon à son poste, et, descendant les degrés de l’autel, atteignit en quelques pas la litière de feuillage ombragée par le caoutchouc. Là, le pied posé sur le cadavre d’Yaour, il poussa un long soupir de joie, levant triomphalement la tête comme pour humilier devant tous la dépouille du défunt roi.

En revenant après cet acte orgueilleux, il rendit à Rao l’épais manteau promptement enlevé.

Escorté de ses six fils qui, de nouveau, soulevaient sa traîne, il marcha lentement dans notre direction, puis tourna vers le théâtre des Incomparables pour se ranger devant la foule.


À ce moment les épouses de l’empereur s’avancèrent jusqu’au milieu de l’esplanade.

Rao les rejoignit bientôt, chargé d’une lourde terrine qu’il posa sur le sol parmi elles.

Les dix jeunes femmes s’affalèrent ensemble autour du récipient, plein d’un épais aliment noirâtre qu’elles mangèrent avec appétit en employant la main pour le monter jusqu’à leurs lèvres.