Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/315

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polémique s’engagea entre les partisans du fameux document et les adversaires qui le déclaraient apocryphe. Les colonnes des journaux se remplirent de plaidoyers enflammés, dont les preuves et les détails contradictoires défrayèrent bientôt les conversations de l’Angleterre et du monde entier.

Adinolfa voulut profiter de cette effervescence pour monter la pièce d’après la version nouvelle, en se réservant pour elle-même le rôle de Juliette, dont la création sensationnelle pouvait auréoler son nom d’un éclat ineffaçable.

Mais aucun directeur n’accepta la tâche offerte. Les innombrables frais de mise en scène exigés par chaque page du manuscrit épouvantaient les plus audacieux, et la grande artiste frappa en vain à toutes les portes.

Découragée, Adinolfa cessa de s’intéresser à la question, et bientôt la polémique prit fin, détrônée par un crime sensationnel qui, soudain, capta l’attention du public.

Or, c’est la scène finale du drame de Shakespeare qu’Adinolfa voulait faire jouer à Méisdehl, en se conformant aux indications du célèbre autographe. La tragédienne avait à sa disposition la copie modernisée, prise à tout hasard en vue de certaines démarches possibles auprès de plusieurs directeurs américains. Kalj, si fin et si bien doué, ferait un charmant Roméo, et la mimique,