Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/338

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’après un procédé fourni par le hasard seul, il se faisait fort d’écrire un oratorio entier digne d’être cité sur sa liste d’œuvres.

Cette assertion ayant provoqué certains murmures de doute, Hændel, animé par les libations du festin, se leva brusquement, déclarant qu’il voulait, sur l’heure et devant témoins, établir honnêtement la charpente du travail en question.

À tâtons l’illustre compositeur se dirigea vers la cheminée et sortit d’un vase ou elles se trouvaient réunies plusieurs branches de houx provenant du dernier Christmas. Il les aligna sur le marbre en attirant l’attention sur leur nombre, qui s’élevait à sept ; chaque branche devait représenter une des notes de la gamme et porter un signe quelconque propre à la faire reconnaître.

Madge, la vieille gouvernante du maître, très experte en travaux de couture, fut aussitôt mandée puis mise en demeure de fournir à l’instant même sept minces rubans de nuances différentes.

L’ingénieuse femme ne s’embarrassa pas pour si peu et, après une courte absence, rapporta sept faveurs offrant chacune l’échantillon d’une des couleurs du prisme.

Corfield, sur la prière du grand musicien, noua une faveur autour de chaque tige sans rompre la régularité de l’alignement.