Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/343

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mains entièrement bleus, venait de rendre le dernier soupir.

On voyait sur une table les restes du repas matinal qu’avait absorbé le défunt. Le médecin s’approcha et reconnut à l’odeur, dans quelques gouttes de liquide restées au fond d’une tasse, les traces d’un poison très violent.

Le czar, procédant à une enquête immédiate, fit comparaître tous les serviteurs de Plechtcheïef. Mais nul aveu ne put être obtenu, et, dans la suite, les perquisitions les plus minutieuses n’amenèrent aucun résultat.

Alexis employa dès lors un moyen qui devait amener le coupable à se trahir malgré lui. Au vu et au su de tous, il s’enferma seul dans sa chapelle pour prier Dieu de l’inspirer. Une heure plus tard il ouvrit la porte et manda auprès de lui les serviteurs suspectés, qui bientôt pénétrérent silencieusement dans le saint lieu.

Tourné vers un des murs, Alexis montra aux nouveaux venus un vitrail précieux dont l’admirable mosaïque transparente évoquait le Christ en croix agonisant au baisser du jour. Presque au niveau de l’horizon, le soleil, prêt à disparaître, était représenté par un disque roux parfaitement régulier.

Sur l’ordre d’Alexis, deux serviteurs détachés du groupe arrivèrent jusqu’au vitrail en escaladant le rebord de pierre suffisamment saillant.