Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/379

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Neddou ne songeait plus qu’à secouer le joug de Schahnidjar en fuyant avec Ghîriz.

Soudain un zèbre parut, amené en cet endroit par les hasards d’une course vagabonde.

Effrayé par la présence des personnages inattendus qui lui barraient la route, l’animal voulut revenir sur ses pas.

Mais, sur un ordre de sa maîtresse, le nègre fit un bond et saisit par les naseaux le coursier promptement dominé.

Ghîriz avait compris la pensée de Neddou ; leste et léger il enfourcha le zèbre puis aida sa compagne à se hisser en croupe.

Au bout d’un moment, les deux fugitifs, après un signe d’adieu fait à Stingo, s’éloignaient au galop de leur rapide monture. La Moresque brandissait, en riant de sa pauvreté, une bourse contenant quelques pièces d’or, seule fortune réservée aux frais de l’aventureuse équipée. Ghîriz, ayant la veille donné tout son avoir à Kéou-Ngan, ne pouvait rien ajouter à ce modeste pécule.

Après une course folle et ininterrompue, le zèbre, exténué, s’abattit vers le soir au sein d’une forêt ténébreuse.

Sûrs d’avoir momentanément déjoué toute poursuite, Ghîriz et Neddou voulurent apaiser leur faim aiguisée par la fatigue et par le fouettement de l’air.