Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/396

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l’oiseau impatient de goûter au festin promis.

Toujours armé de sa gaule, Rhéjed prit son élan et atteignit en plein occiput le volatile, qui s’affaissa sans un cri.

Mais, en cherchant à examiner de plus près sa nouvelle victime, l’enfant se sentit retenu au sol par un aimant invincible.

Son pied droit reposait sur une lourde pierre plate recouverte par la bave du rongeur.

Cette substance, à demi sèche déjà, formait une glu irrésistiblement puissante, et Rhéjed ne put dégager son pied nu qu’au prix de violents efforts générateurs d’écorchures profondes et cruelles.

Craignant de s’empêtrer de nouveau, l’espiègle, une fois libre, ne songea qu’à s’éloigner vivement du dangereux endroit.

Au bout d’un moment, quelques lointains frémissements d’ailes lui firent tourner la tête, et il aperçut dans les airs un second volateur de même race, qui, averti par la senteur toujours plus pénétrante, s’élançait rapidement vers la curée tentatrice.

Rhéjed conçut alors un plan hardi, basé à la fois sur les propriétés adhérentes de l’étonnante bave et sur le trouble évident que l’odeur exhalée par elle semblait porter dans le clan de certains volatiles à puissante envergure.