Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/401

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Yaour donnerait à son escorte le signal de l’attaque, et les guerriers ponukéléiens, pressés comme dans un étau, seraient massacrés par leurs fougueux agresseurs, qui entre maints avantages auraient celui de la surprise. Maître de la situation, Yaour se ferait proclamer empereur, après avoir réduit en esclavage Talou et toute sa lignée.

Gaïz-dûh trahissait ainsi sans remords son maître, qui rétribuait mal ses services et se montrait souvent brutal envers lui. Pour prix de sa délation il s’en rapportait à la générosité de Talou.

Décidé à tirer profit de l’avertissement, l’empereur renvoya Gaïz-dûh avec mission de convier le roi Yaour pour le jour suivant au déclin du soleil. Flairant d’avance une magnifique récompense, l’ambassadeur s’en alla plein d’espoir, tandis que Talou élaborait déjà dans sa tête tout un plan de défense et d’attaque.

Le lendemain, par ordre de l’empereur, la moitié des troupes ponukéléiennes se cacha dans les massifs du Béhuliphruen, tandis que le restant s’abritait par tout petits groupes dans les cases du quartier le plus méridional d’Éjur.

À l’heure dite, Yaour et son escorte commandée par Gaïz-dûh se placèrent debout dans une dizaine de pirogues et traversèrent le Tez.

Posté sur la rive droite, Rao, le successeur de Mossem, guettait le débarquement ; il conduisit le roi jusqu’à la place des Trophées, où Talou