Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/413

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frondaison. Parfois, apercevant sur un arbre quelque feuille bizarre et attrayante, elle la désignait à la pie, qui la cueillait avec son bec pour la lui donner.

Toute la Vorrh fut ainsi traversée du nord au sud sans aucun résultat. Louise, désespérée, ne tentait plus que machinalement son expérience habituelle quand tout à coup une goutte de sa préparation, jetée par acquit de conscience sur une plante nouvelle, provoqua la courte combustion vainement guettée depuis si longtemps.

La jeune fille eut une minute d’ivresse qui la dédommagea de ses déceptions passées. Elle fit une abondante cueillette de la précieuse plante fine et rougeâtre, dont les graines, cultivées en serre chaude, devaient lui fournir sa provision future.

C’est à la tombée de la nuit que la voyageuse avait fait sa mémorable découverte ; on campa sur le lieu même de la halte, et chacun s’étendit pour dormir, après un solide repas au cours duquel toutes les décisions furent prises pour revenir promptement à Porto-Novo.

Mais le lendemain, en s’éveillant, Louise et Norbert se virent seuls. Leurs compagnons les avaient trahis, dérobant, après en avoir coupé les courroies, certaine sacoche qui, toujours portée en bandoulière par la jeune fille, contenait dans ses divers compartiments une pesante