Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/85

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différente tel passage ambigu dont l’interprétation délicate pouvait devenir matière à discussion.

Un long pot pourri d’opérette ayant fait suite à la csarda épuisa de nouveau la provision liquide. Skarioffszky refit le transvasement rapide en nous annonçant le morceau final.

Cette fois, le ver attaqua dans un mouvement vif une captivante rhapsodie hongroise, dont chaque mesure semblait hérissée des plus terribles difficultés.

Les traits d’agilité se succédaient sans trêve, émaillés de trilles et de gammes chromatiques.

Bientôt le reptile accentua par d’énormes soubresauts certain chant d’ample contexture, dont chaque note écrite supportait sans doute quelque épais chevron. Autour de ce thème, établi comme une base, couraient maintes broderies légères donnant lieu à de simples frémissements du souple corps.

L’animal se grisait d’harmonie. Loin de manifester la moindre lassitude, il s’exaltait de plus en plus au contact incessant des effluves sonores déchaînés par lui.

Son ivresse se communiquait à l’auditoire, étrangement remué par le timbre expressif de tels sons pareils à des pleurs et par l’incroyable vélocité mise en relief grâce à divers enchevêtrements de triples croches.