Page:Roussel - La Doublure, 1897.djvu/234

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Lançant toujours. Il crie : « Au secours ! au secours ! »
Faisant, toujours tout raide, en sautillant, des tours
Sur place sans chercher à s’ôter de la douche
De confettis qui tombe et chaque fois le touche,
Lancés avec la main ou la pelle selon
Les coups, plus ou moins fort. Il n’a qu’un pantalon
Ordinaire, de ville, avec la blouse verte
De son pierrot, mal mise en haut et tout ouverte
Au cou ; l’une de ses bottines se ternit
De plâtre, beaucoup plus que son autre ; il finit
Par s’en aller, tournant toujours, très ridicule,
Sur lui-même au milieu des masques qu’il bouscule
Et dont certains, voulant le prendre par le bras,
Cherchent à l’arrêter, mais ne le peuvent pas ;
Au passage, un gros homme en domino qu’il cogne
Assez fort sans cesser de tourner toujours, grogne :
« Allons donc, sacrebleu ! voyons, je n’ai jamais
Vu pareil idiot, quel imbécile ! » mais
L’autre crie alors : « C’est comme ça qu’on se colle
Sur les gens ? » lui donnant tort.