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CONFÉRENCE
SUR
Sir Georges-Étienne Cartier
PAR
L’HON SIR A. B. ROUTHIER
à l’Université Laval, Montréal,
le 25 Avril 1912


Mesdames,

Messieurs,


La Grèce antique, qui fut la mère de tant de héros et de grands hommes, possédait l’art d’immortaliser ses plus illustres enfants. Elle laissait tomber dans l’oubli leur généalogie véritable, et elle leur en fabriquait une autre infiniment plus noble, supérieure même à la nature humaine, qui leur ouvrait toutes grandes les portes de l’immortalité, et de l’Olympe.

C’est ainsi qu’Hercule devenait le fils de Jupiter, et d’une fille des hommes, nommée Alcmène, et qu’on donnait pour mère au vaillant Achille la déesse Thétis.

C’est ainsi que Thésée, Orphée, Jason, Œdipe, et d’autres enfants de la Grèce devenaient des demi-dieux.

Alors cette mère admirable leur érigeait des statues et leur bâtissait des temples, dont les ruines splendides font encore l’admiration des peuples.

Ce culte des grands hommes s’est perpétué chez toutes les nations civilisées. D’Athènes il est passé à Rome, et de Rome à Paris, où vous avez pu coudoyer vous-mêmes tout un peuple de statues.

C’est un culte noble qui fait honneur à la fois à celui qui en est l’objet, et à ceux qui le lui rendent. Non seulement il perpétue le souvenir des grands hommes, et des grandes actions, mais il est un enseignement salutaire pour les gens du peuple qui n’ont pas appris par les livres l’histoire de leur pays.

Voyez ce que fait l’Église catholique. Elle aussi divinise en quelque sorte ses grands hommes qui sont les saints, en leur dressant des statues et des autels. Et de même que ce culte des Saints est pour nous un grand enseignement religieux, de même le culte que nous rendons à nos gloires nationales en les faisant revivre dans le bronze sur nos places publiques est une admirable leçon de patriotisme et de vertus civiques.

La noble vie et les actions glorieuses des ancêtres ne peuvent pas