Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/145

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arbres y font défaut comme dans presque toutes les villes des prairies. Il y a cependant auprès de la gare un jardin public où verdissent quelques plantations récentes ; mais les pauvres petits arbres que j’y ai vus auront besoin de boire toutes les eaux de la Wascana, s’ils veulent égaler les cèdres et les pins de la Colombie.

Il y avait longtemps que nous reposions tranquillement dans notre char-dortoir quand le train régulier en destination de l’Ouest vint nous remorquer. Il était à peine quatre heures du matin, et le soleil allait bientôt se lever. Mais comme je ne suis pas payé pour être aussi matinal que lui, je ne résistai pas à la tentation de me rendormir.

Quand je m’éveillai, nous étions à Moosejaw, traduction fort abrégée d’un nom indien que je serais bien embarrassé d’écrire, et qui signifie la petite rivière où un homme Blanc a réparé une charrette avec une mâchoire de bison. Ma foi, je ne blâme pas les Anglais d’avoir abrégé un pareil nom. Il eut été incommode dans la langue des affaires, pour des gens plus pressés que les Sauvages.

La voie monte graduellement et nous dépassons plusieurs stations sans importance.

Étrange pays, en vérité !

Il y a des jours et des nuits que nous courons à toute vitesse dans un train rapide, et quand nous regardons aux fenêtres de notre char-palais, nous pourrions croire