Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/21

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c’est bien cela. Une excursion comme celle-ci ne s’est pas encore vue, et ne se verra probablement pas de longtemps.

Nous arrêtons une minute à Sainte-Thérèse. Que de souvenirs cet endroit me rappelle ! C’est ici que j’ai passé huit années de ma vie, dont je n’ai pas profité comme j’aurais dû, et que je n’ai pas sû apprécier.

Ah ! si jeunesse savait ?

J’ai le cœur serré en pensant que le collège où j’ai fait mes études classiques a été incendié et démoli, et quand je jette un regard sur le village actuel avec ses nouveaux édifices je ne le reconnais plus. Il n’y a donc pas que l’homme qui change ; les choses aussi subissent des métamorphoses. Mais en changeant elles rajeunissent, tandis que l’homme…

Les stations suivantes, Sainte-Scholastique, LaChute, me rappellent d’autres souvenirs d’enfance, et je crois revoir mon beau lac des Deux-Montagnes aux bords duquel je suis né.

Quand tous les lits sont faits dans notre char-palais-il ressemble au dortoir d’un couvent avec sa double rangée d’alcôves. C’est le moment ennuyeux de la journée à bord d’un train de chemin de fer ; et, lors même qu’on ne s’endort pas, ce qu’on a de mieux à faire est encore de se coucher.

Mais le sommeil arrive bien vite, et c’est en dormant que nous traversons Ottawa et Pembrooke.